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mardi 20 mars 2012

ADRESSE AUX AUTRES CANDIDATS ET A LA COMMUNAUTE DE L’UNS POUR L’ELECTION DES 3 CONSEILS 2012

Message diffusé le 19 mars 2012 à 23h27 :

ADRESSE
AUX AUTRES CANDIDATS  ET A  LA  COMMUNAUTE  DE  L’UNS  POUR L’ELECTION DES 3 CONSEILS 2012

Je dois renoncer à poursuivre l’aventure de ma candidature à la Présidence de l’Université, mais je souhaiterais pourtant donner à celle-ci un sens, fut-ce rétrospectivement : le sens d’un témoignage, si toutefois ce mot - et la posture à connotation plutôt  négative qu’il implique dans le contexte d’une élection - peut servir un tant soit peu l’avenir de notre Université. Mon engagement pourrait se dire en une formule simple : quand on a la chance de vivre, d’enseigner et de chercher sur la Côte d’Azur, on ne saurait craindre le classement de Shangai. En l’énonçant ainsi, je pense au peintre Matisse, qui, après s’être installé sur la Côte d’Azur, eut ces mots : « Quand j'ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. La quête de la couleur ne m'est pas venue de l'étude d'autres peintures, mais de l'extérieur, c'est-à-dire, de la révélation de la lumière dans la nature. »

Si les relations entre sciences, techniques et « humanités » que j’ai voulu promouvoir à travers ma candidature à la présidence de l’UNS sous le nom de nouvelles humanités n’ont obtenu qu’un soutien limité (et cela se comprend aisément dans le contexte actuel, particulièrement tendu du fait des incertitudes engendrées à tous les niveaux par la loi LRU), les enjeux de ces « nouvelles humanités » n’en demeurent pas moins à mes yeux (et à ceux des collègues qui m’ont soutenu) non seulement un objectif digne d’être poursuivi sur le long terme, mais aussi une nécessité sur le court et le moyen terme :
Un objectif digne d’être poursuivi : nous ne revenons pas ici sur ce que nous avons déjà dit, mais nous voulons seulement rappeler qu’au regard de l’attractivité et de « l’audience » mondiale dont bénéficie (encore) le territoire de la Côte d’Azur (terre de loisirs et de tourisme, mais aussi et indissolublement artistique, technologique et scientifique),  l’UNS a tout à gagner à l’approfondissement de ce dialogue entre les disciplines pour le moment balbutiant, pour des raisons à la fois géographiques (le « mur » de la plaine du Var et la frontière Nice/Sophia Antipolis, que les projets de l’OIN et le développement de l’IMREDD devraient permettre de franchir), mais aussi épistémologiques et culturelles. Nos cultures scientifiques sont en effet fort différentes, mais les différences n’ont jamais empêché la construction des identités, bien au contraire. Ce dialogue est à enrichir en particulier au niveau où il est le plus difficile : au point de jonction et de rupture entre les sciences fondamentales et appliquées de la calculabilité et de la matière,  les sciences de la vie et de la santé (et les instruments de haute précision qu’elle nécessitent), et les sciences de l’homme et de la société – et en particulier celles qui traitent de l’incalculable, des formes symboliques et des formes de l’imaginaire. C’est pourtant sur cette arête fuyante  que l’UNS saura paradoxalement conforter son positionnement et   affirmer sa profonde originalité – construire son projet en somme - sur cette carte en cours de redéfinition de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Sur cette ligne de front qu’elle pourra à la fois se distinguer et s’affirmer par rapport à Marseille (et peut-être œuvrer en complémentarité avec cette université). 
Une nécessité sur le court et le moyen terme : ces orientations pourraient paraître relever d’une forme d’humanisme un peu attardé et passablement  abscons. Pourtant, nous pensons qu’elles concernent au plus haut point la troisième mission (après l’enseignement et la recherche), qui incombe aux universités : la professionnalisation. Mission indissociable de l’objectif d’amélioration de la compétitivité du pays, objectif sur lequel toute le monde s’accorde (mais pas avec la même approche des moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre).
Nous pensons pour notre part  (avec certains chercheurs tels Emmanuel Combe, Université de Paris1), que ni le discours sur la réduction des coûts salariaux, ni le discours sur la relance d’une politique d’investissement dans la R&D et dans l’enseignement supérieur (et les orientations pour l’action qu’ils impliquent) ne suffiront, même si ces deux objectifs doivent être aussi poursuivis. A cette vision trop étroite d’une innovation réduite à sa seule composante technologique, il faut ajouter l’exigence d’une innovation « culturelle », fondée sur une grande qualité des produits,  une grande créativité et une forte image de marque (seules les industries du luxe témoignent, en France, de cette capacité à articuler tous ces plans, et c’est sans doute là la clef de leur succès à l’exportation, comme c’est aussi la clef des succès en matière de commerce extérieur de l’Allemagne). Cela suppose aussi de mieux valoriser, en même temps que l’innovation technologique, d’autres formes d’innovation, comme le design, les savoir-faire, tout ce qui procède d’une « excellence de la main », ou d’une créativité indissolublement entrepreneuriale, artistique et technologique (les succès de l’Ipad ou de l’Iphone ne s‘expliquent pas autrement), bref de valoriser l'innovation économique, sociale et culturelle : relever ce défi est à la portée de l’Université de Nice, dès lors qu’elle saura mieux articuler ses compétences et ses liaisons transversales entre les sciences dures et les sciences de l’ingénierie, la formation continue (VAP ou VAE, contrats de professionnalisation, etc.), les formations à caractère technologique, courtes ou plus longues, les DU et les licences professionnelles, les formations orientées vers l’information et la communication, le marketing, les nouvelles sciences comme les cultural ou les gender studies, la digital philosophy, mais aussi l'art, l’esthétique industrielle et le design. Il s’agirait dès lors de promouvoir, en même temps qu’une économie de la connaissance fondée sur le développement de la formation continue en direction de nombreux  « publics », une société de la connaissance, en faisant aussi de l’UNS une « université ouverte » à destination des habitants et citoyens  de cette région (c’est ce que tentent déjà de promouvoir certaines initiatives, telles que les Lundis de la connaissance, ou d’autres actions visant à promouvoir la culture scientifique, philosophique ou artistique). En essayant de tisser des liens entre  « formation continue  et « université ouverte », on aurait peut-être là un moyen de renouer les fils de l’histoire à travers le (déjà lointain) souvenir de ce que fut « l’éducation populaire » dans ce pays (dont on retrouve parfois l’écho à travers le succès de certaines « universités populaires » comme celle de Michel Onfray), et cela ne nous semble  nullement contradictoire avec la revendication de l’excellence comme exigence prioritaire en matière d’enseignement et  de recherche.
Nous pensons que le projet de l’UNS est à développer à partir de tels constats, et que ce projet, étayé sur une vision à long terme, mais modelé sur la spécificité de l’UNS (et non sur la seule volonté d’indexer le développement de celle-ci sur une sorte « d’université globale », comme il existe des « villes globales » ou génériques aujourd’hui) mérite d'être approfondi et considérablement enrichi aujourd'hui, dans le sens d'une plus grande « unité dans la diversité ».
Nous nous reconnaissons pleinement, avec toutes les listes et tous les autres candidats, dans certains mots  qui reviennent de manière insistante : collégialité, qualité, service public, transparence, etc. Nous partageons aussi  une grande quantité  de propositions, qui témoignent de larges zones de consensus,  puisqu’on les retrouve étrangement et logiquement, dans la plupart des listes : qu'il s'agisse de la gestion budgétaire, de la gestion du  patrimoine et de sa dévolution (avec la nécessité de penser cette question en termes de cohérence pédagogique et scientifique et non seulement de rentabilité financière), d'une meilleure intégration des grandes écoles à l'université, de l’ouverture euro-méditerranéenne de celle-ci dans le cadre d’un PRES (ou de son équivalent) repensé dans le sens d’une construction plus collégiale, de relations internationales ; d'une meilleure concertation  entre les conseils centraux, les composantes, les laboratoires,  les services administratifs et communs, ou encore de pilotage stratégique étayé sur des indicateurs fiables, et une exigence sans faille de transparence.
Mais aussi d'accueil des étudiants étrangers et de la vie étudiante, de pérennisation des  financements de l'offre pédagogique, de valorisation de l'offre au niveau des masters ou de financements accrus pour les doctorants et de reconnaissance de la thèse comme diplôme professionnalisant. D'un maintien  et d’une valorisation de la qualité de la recherche à l'UNS, étayé évidemment sur ses relations privilégiées avec les  EPST  (plateaux mutualisés, ouverture en direction des entreprises, partenariats avec les pôles de compétitivité, ou encore recherche d'un meilleur équilibre entre financements pérennes et financement sur projets). Nous avons nous-mêmes formulés des propositions dans ces domaines. Mais pour que ces engagements prennent corps, il y faut des outils et des supports appropriés.
Et nous ne revenons donc pas sur ces enjeux et ces projets, mais seulement sur certaines  conditions particulières que nous avons déjà esquissées avec Jean-Max Noyer, enseignant-chercheur au département des sciences de l’information et de la communication de l’UFR LASH,  en vue de leur mise en œuvre ou de leur développement dans le sens de cette « créativité »  et de ces formes d'innovation diversifiées précédemment évoquées.
Ce sont donc ces quelques pistes ou propositions particulières (portant principalement sur les systèmes et supports  d'information, de concertation, et de communication) que nous présentons de manière synthétique et que nous adressons pour finir à l’intention des autres candidats restant en lice et de l’ensemble de notre communauté. Certaines de ces propositions ayant déjà fait l’objet d’une présentation plus détaillée sur notre site, nous ne faisons ici que les rappeler. On peut les retrouver sur :
A/Collégialité, transparence, démocratie, gestion et communication interne
1/ Un forum en accès réservé aux étudiants et aux personnels sur le portal Unice, qui aurait une fonction de veille et de concertation : au fond une manière de poursuivre la discussion qui s’est engagée à l’occasion de ces élections par d’autres moyens – une manière d’éprouver l’existence de l’UNS en tant que communauté soudée et capable de réfléchir sur elle-même et sur son avenir, mais aussi un laboratoire d’idées et d’initiatives originales, voire d’innovations.
2/ Des outils au service de l’augmentation des ressources propres de l’UNS. Nous proposons l’ajout à un service commun tel que celui qui est en charge de l’insertion professionnelle, de la taxe d’apprentissage et de la relation avec les entreprises, d’un « sous-service » travaillant en partenariat avec les vice-présidents, ou les structures telles que les Fondations ou encore le COSE. Ce service additionnel à des structures déjà existantes serait exclusivement dédié à la recherche de financements, de partenariats, au développement du lobbying auprès d’entreprises,  de grands comptes ou grandes institutions pour le compte des enseignants-chercheurs ou de certaines équipes porteurs de projets qui en feraient la demande. S’il est vrai qu’une part du financement de la recherche se fait sur projets, il est vrai aussi que les enseignants chercheurs et les chercheurs n’ont pas nécessairement le temps ni les compétences pour procéder de manière efficace à ces recherches de financements, au montage de dossiers dans des conditions satisfaisantes et parfois dans des délais très courts, etc.
Un peu sur le modèle de ce qui se fait dans les grands musées, qui disposent désormais souvent de vrais services entièrement dédiés à la recherche de mécénat, ce service aurait vocation à aider les enseignants chercheurs et les chercheurs dans cette tâche. Les apports de ces services pourraient être rémunérés selon le modèle en vigueur dans le cadre de la délégation de gestion des masters à Asure formation  (un pourcentage serait prélevé sur le financement obtenu, par exemple de 10%) 
3/ Un sénat académique
Ce sénat académique permettrait  d’améliorer la cohérence et la pertinence des choix entre les dimensions scientifique, éducative, gestionnaire et financière et ce à partir d’un exercice polycentrique de la démocratie et de la gestion universitaire. Il s’agit là d’établir « un système qui présente différents niveaux de gouvernance - petits, moyens et grands - à partir desquels on peut s'organiser de façon autonome », pour reprendre les propos d’Elinor Ostrom. (Prix Nobel). On se reportera à la présentation plus détaillée que nous avons faite de cette proposition dans nos précédents envois. Un tel sénat travaillerait en concertation permanente avec les différentes commissions (et en particulier la commission des finances) et les conseils. Il serait aussi un lieu dédié à la discussion sur le  développement  d'axes de recherche interdisciplinaires, de réflexion constructive sur des thématiques nouvelles et l'évolution des disciplines (avec par exemple et entre autres de trouver de nouveaux débouchés à certaines disciplines menacées), un conseil de perfectionnement de l'ensemble de l'université étayé sur le travail préalable de commissions ou émanant d'équipes d'enseignants-chercheurs ou de personnels Biatoss porteurs de propositions  ou de projets engageant l'ensemble de notre communauté. Ce sénat devrait en particulier jouer un rôle majeur en ce qui concerne la dévolution patrimoniale et dans la préparation du prochain Contrat Projet Etat Région.


B/ Des outils au service de la transdisciplinarité
1/ Un intranet de haut niveau international
Cet Intranet  serait conçu comme espace de travail, instrument de visibilité régional, national et international, permettant de renforcer le rôle attracteur de l’université. On en retrouvera une esquisse plus détaillée dans notre réponse aux directeurs d’unités de recherche.  Qu’il suffise de rappeler ici que cet Intranet devra exploiter les nouveaux moteurs de recherche dits « transversaux » ou de « recherche ouverte d’information », permettant de naviguer de manière riche et heuristique, et capables de donner accès à des « cartographies de l’intelligence collective » de l’université. Des acteurs majeurs de la recherche scientifique et un certain nombre d’entreprises de haut niveau technologique ont  déjà intégré ces nouveaux dispositifs.  

2/ Une web télévision reflétant à la fois l’université et la diversité des acticités de l’UNS.
Nous avons déjà conduit un projet très approfondi en vue de l’optimisation et de la réorganisation de la web TV de l’UNS dans le sens d’une meilleur lisibilité et visibilité de ses contenus, à travers une nouvelle architecture et une nouvelle « grille de programmes », projet  développé en partenariat avec le service TICE de l’UNS. Cette étude a fait l’objet d’une analyse comparée de très nombreuses TV universitaires dans le monde, et ce « benchmarking » nous a permis de construire une proposition qui nous semble cohérente et adaptée à la spécificité de l’UNS.  Au regard de ces enjeux, il nous est apparu pertinent d’élaborer une grille fondée sur quatre grands ensembles thématiques, qui se déclinent ensuite en formats ou genres télévisuels appropriés à la spécificité de chacun de ces thèmes. Ces quatre thématiques, qui par les possibilités de navigation qu’elles offrent sont autant de leviers pour le développement de la transdisciplinarité de l’UNS sont les suivantes :

-       Enseignements, formations, professionnalisation
Il s’agit de promouvoir de façon claire la vocation professionnalisante de l’Université, et de mieux lier l’offre pédagogique de formation initiale et continue au marché du travail, aux entreprises, aux professions.
-       Arts et culture
La Côte d’Azur est la deuxième région de France en ce qui concerne l’offre artistique et culturelle. La présence de l’UNS au rang des acteurs de premier plan doit acquérir en visibilité. Pour ce faire, il est fondamental de promouvoir les partenariats entre l’université et le territoire, et de tendre vers une meilleure réciprocité entre musées, centres d’art, établissements culturels de toute nature implantés ici et l’UNS.
-       Recherche, développement, innovation
Les raisons de cette liaison entre recherche, développement et innovation au sein d’un même ensemble thématique, tiennent à plusieurs facteurs :
• nécessité d’une ouverture interdisciplinaire, et d’une meilleure articulation entre sciences dures et sciences humaines.
• nécessité de lier les domaines de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée.
• nécessité de valoriser la recherche et l’innovation industrielle.
-       Vie étudiante, associative, sportive et loisirs
Dans l’idée d’une télévision participative destinée à souder la communauté universitaire niçoise et sophipolitaine, cette thématique se définira par excellence en espace contributif.

On trouvera à partir des liens ci-après à la fois l’étude intégrale et le diaporama de la présentation de ce projet (qui a fait l’objet d’une information officielle aux différents conseils de l’UNS en 2009.)

C/ Des outils au service de la communication externe et de la valorisation de la recherche
1/ Une vraie politique éditoriale numérique
Il s’agit de mettre en œuvre une politique éditoriale numérique renforcée, et ce, à l’heure du développement des archives ouvertes (depuis longtemps déjà en croissance dans le domaine des sciences dures) et aussi de la convergence dans le domaine  des sciences humaines et sociales de nouveaux acteurs émergents de l’édition numérique (à travers, par exemple,  le projet OpenEdition impliquant,  revue.org, Calenda, et hypothese.org)

2/ une « science et technologies map »

En s’appuyant sur la sociologie des sciences  et les études scientomètriques de haut niveau (développées en France entre autre depuis 25 ans par le Centre de Sociologie de l’Innovation de l’Ecole des mines de Paris et divers laboratoires CNRS et l’OST  -- Observatoire des Sciences des techniques -- il s’agirait de dresser une cartographie des dynamiques de recherche et d’innovation sur la Côte d’azur en démontrant leur rôle clé dans le développement économique et l'innovation. Cette cartographie actualisée de manière régulière et associée à des interfaces interactives  aurait une double mission,  pédagogique auprès du grand public et auprès des entreprises. Et pourrait participer concrètement au développement et à la promotion de cette culture scientifique que chacun appelle de ses vœux. Nous avons nous même développé avec nos étudiants un projet analogue sous la forme d’un web-documentaire consacré aux industries de l’image sur la Côte d’Azur (« IMAGE[in]C.A. ») . Entièrement réalisé par des étudiants de la Faculté des Lettres, ce « Web Doc » - nouveau format documentaire créé pour le Web - innove non seulement dans le domaine du numérique et du multimédia, mais également en matière d'investigation journalistique et documentaire. Bien que réalisé dans un cadre pédagogique et non professionnel, ce type de projet illustre une démarche allant dans le sens d’une valorisation innovante de la recherche et de l’enseignement à l’UNS.